La complainte de la tribulation et de la consolation de la Phylosophie est une des nombreuses traductions médiévales de l’œuvre homonyme de Boèce. Rédigée en franco-vénitien par Bonaventure de Demena, elle est conservée dans un manuscrit unique : le fr. 821 de la BnF. La version italienne, composée en vénitien nous est parvenue à travers un manuscrit qui se trouve à la Biblioteca Civica de Vérone (ms. 212).
Les deux traductions sont précédées chacune d’un prologue où l’auteur revendique, d’une part, la paternité d’une traduction en français et, d’autre part, d’une autre traduction en italien, sans qu’il soit possible d’affirmer avec certitude que l’une soit le texte-source de l’autre, et qu’il y ait donc auto-traduction.
La présente réflexion se propose, après une mise au point de l’état de la question, de démêler les stratégies auctoriales et traductoriales qui peuvent expliquer la déclaration contradictoire contenue dans les deux prologues en esquissant une hypothèse herméneutique concernant l’antériorité des deux traductions et leur relation philologique.
The Complainte de la tribulation et de la consolation de la Phylosophie is one of the many medieval translations of the homonymous work of Boethius. Written in Franco-Venetian by Bonaventure de Demena, it is preserved in a single manuscript (Paris, BnF, fr. 821). The Italian version, composed in Venetian, has been handed down to us in a manuscript belonging to the Biblioteca Civica in Verona (ms. 212).
The two translations are preceded by a prologue wherein the author claims both the authorship of a translation into French, and that of another translation into Italian, making it impossible to state clearly whether one version is the source text of the other, and therefore a self-translation.
The present work aims at finalizing the status quaestionis, and at disentangling the auctorial and translational strategies, thus explaining the contradictory statements in the two prologues by sketching a hermeneutical hypothesis for the chronological differences between the two translations and their philological links.