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YAN GREUB, La stratigraphie linguistique des manuscrits médiévaux et la variation linguistique [6-30]

Dans le cadre du séminaire consacré à la stratigraphie linguistique des manuscrits médiévaux, nous avons tenté, à défaut de pouvoir présenter des solutions et fournir des critères diagnostiques, de situer au moins le cadre dans lequel ceux-ci pouvaient, ou ne devaient pas, être cherchés. La succession et l’imbrication des couches linguistiques d’un manuscrit devraient faire exclure la division entre ‘langue de l’auteur’ et ‘langue du copiste’ des faits linguistiques présents dans un texte, ces deux concepts recouvrant en pratique des ensembles trop hétérogènes pour être utiles à l’organisation d’une description linguistique. Celle-ci devrait contenir, en plus des faits positifs, un examen de faits négatifs, en ce sens qu’ils ne se marquent qu’en creux, et qui sont le rejet de certains faits linguistiques par le responsable d’une des strates ; ce rejet peut prendre une forme absolue (élimination complète d’un trait) ou partielle (lorsque le trait est appris au cours du processus de copie, et que son traitement change en fonction de cet apprentissage). L’identification d’une couche repose sur la démonstration d’une solidarité entre différents traits linguistiques, cette solidarité étant le plus souvent associée à un lieu de provenance ; il est cependant difficile de l’associer à un acte individuel de copie, ces actes individuels, surtout s’ils sont nombreux, pouvant partager une grande partie des traits qui permettent l’identification de la couche.


At the Naples seminar devoted to linguistic stratigraphy in medieval manuscripts, we attempted, given the difficulty of presenting solutions and formulating diagnostic criteria, to at least establish the framework in which these elements could, or should not, be sought. The succession and interweaving of strata should lead us to rule out the binary opposition between the « author’s language » and the « copist’s language » to analyse a text’s linguistic features, since those two concepts englobe phenomena too heterogeneous to be useful in structuring an accurate linguistic description. Alongside positive features, analysis should also include negative features, understood as those whose absence is made significant through their rejection by the copyist responsible for a given stratum. This rejection can be complete (systematic elimination of a feature) or partial (when a feature is ‘learned’ during the process of copying, and its treatment varies as a consequence). The identification of a stratum results from a demonstrated solidarity between various linguistic features, a solidarity that is generally associated with a place of provenance ; it is, however, difficult to associate it more precisely with an individual act of copying, since such individual acts, especially if they are numerous, can share a large part of the features that lead to the stratum’s identification.

Letto 1109 volte Ultima modifica il Martedì, 08 Marzo 2022 11:05

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